L’État accélère la transition industrielle de Fos


Rédigé le Vendredi 28 Février 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


Marc Ferracci et Catherine Vautrin, ministres de l’Industrie et du Travail, présents à l’Hôtel de Région le 27 février dernier, ont annoncé un soutien financier de 1,6 Md€ destiné à accélérer la décarbonation de la zone industrialo-portuaire de la zone de Fos.


Signature de la feuille de route 2025-2030 pour le développement industriel du golfe de Fos - Étang de Berre par le président de la Région Sud Renaud Muselier, la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, et le nouveau préfet de région Georges-François Leclerc. © Yann Bouvier
H2V, Marcegaglia Steel, Hy2Gen, GraviThy, Carbon, autant d'implantations nouvelles qui comptent parmi les principaux projets privés de décarbonation en cours sur la zone industrialo-portuaire de Fos. Des projets ambitieux et couteux car porteurs de ruptures technologiques fortement marquées, dans le but de produire des carburants et des aciers plus verts. Pour sécuriser ces investissements stratégiques et en attirer d’autres, les pouvoirs publics se sont mobilisés le 27 février dernier autour de la signature d’une feuille de route pour le développement industriel de la zone à horizon 2025-2030. Signée officiellement à l'Hôtel de Région par les collectivités locales et les ministres Marc Ferracci (Industrie) et Catherine Vautrin (Travail), cette feuille de route s’appuie notamment sur une annonce phare. 

« Nous nous sommes battus pour obtenir dans la Loi de Finances 2025 un soutien supplémentaire de 1,6 Md€ qui permette de financer les projets de décarbonation. Nous avons lancé un appel à projets fléché sur la décarbonation. La France doit être souveraine en matière énergétique en développant l’éolien et le solaire. Industrialisation et décarbonation marchent ensemble », a annoncé Marc Ferracci. Quelques heures plus tôt, le ministre s’était rendu sur le site d’Airbus Helicopters pour annoncer un soutien à hauteur de 35 M€ au plan de transformation "Pacte Sud Avenir Helico" qui doit permettre à la filière aéronautique de monter en capacité et en productivité. 
 

Pierre-Emmanuel Martin, président de Carbon. ©NBC
Lors de cette journée dédiée à la décarbonation de l’industrie, de nombreuses entreprises ont présenté leurs projets d’investissement sur la zone de Fos. Parmi elles, Antonio Marcegaglia, président de Marcegaglia Steel, le repreneur d’Ascometal. « Nous avons budgété 750 M€ d’investissements à Fos dans la transformation de l’acier », explique-t-il« Notre objectif est d’atteindre 700 salariés et de remonter en amont de la chaîne en produisant de l’acier via un four électrique capable de réduire de 80 % les émissions de CO₂. Nous sommes prêts à faire de Fos-sur-Mer un hub pour notre groupe ». 

En juin 2024 TotalEnergies démarrera une unité de production de carburant d’aviation durable (SAF) sur la bioraffinerie de La Mède destiné à l’avitaillement des avions d’Air France. La compagnie au pavillon tricolore entend multiplier par dix sa consommation de SAF d’ici cinq ans pour atteindre l’objectif de réduction de 30 % de ses émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030. 

« Une banque de la décarbonation à hauteur de 100 Md€ »

Producteur de panneaux solaires, Carbon a confirmé son projet de construction d’usine. « Nous sommes les seuls à garantir la production de modules indépendants et à pouvoir sortir la France de sa dépendance à la Chine, aux Etats-Unis et à l’Inde. Nous avons obtenu toutes les autorisations en 9 mois pour exploiter un site de 45 ha. Cependant, nous avons maintenant besoin d’un cadre réglementaire protecteur, les semaines à venir seront cruciales », prévient Pierre-Emmanuel Martin, président de Carbon, qui compte parmi ses clients CVE et Tenergie. 

Au niveau européen, la question de la compétitivité et de la souveraineté industrielle est également au cœur des discussions. À ce titre, Marc Ferracci a rappelé les récentes avancées en matière de soutien aux projets stratégiques. « On se bat pour que la politique européenne soit plus offensive. Hier la Commission européenne a fait des annonces sur la simplification, le raccourcissement des projets d’investissement d’intérêt européen commun. Nous avons obtenu que figure une proposition de "banque de la décarbonation" à hauteur de 100 Md€ », a souligné le ministre de l'Industrie.
 

Après le départ de Régis Passerieux, qui pilotera la feuille de route ?

Marc Ferracci, ministre de l'industrie. ©NBC
La feuille de route pour le développement industriel du Golfe de Fos-Étang de Berre vise à diminuer de 55 % les émissions de CO₂ de la zone de Fos-Berre d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Elle repose sur quatre axes stratégiques : attirer des industries vertes et des talents, renforcer les infrastructures, garantir un développement respectueux de l’environnement et améliorer la qualité de vie. Une gouvernance efficace sera mise en place pour piloter cette transition, mais si les ambitions industrielles sont clairement affichées, cette gouvernance suscite encore des interrogations. 
Le départ inattendu de Régis Passerieux, survenu seulement quatre mois après sa nomination comme commissaire délégué à la transition industrielle et écologique de Fos-Berre, soulève de nombreuses questions. En première ligne pour accélérer la réindustrialisation et simplifier les procédures d’implantation, il était un acteur clé du rapprochement entre l’État, la Région et la Métropole. Son départ risque-t-il de freiner la mise en œuvre de cette feuille de route ambitieuse ?



Nathalie Bureau du Colombier
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