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« Provence, Fabrique des Possibles » accentue la pression


Rédigé le Jeudi 20 Mars 2025 par Jean-Christophe Barla


Les projets industriels annoncés ont besoin d’une approche globale pour avancer. « Provence, Fabrique des Possibles » a rédigé un manifeste, présenté le 19 mars à Marseille, lors d’un débat conclu par une intervention du nouveau Préfet de région.


Les témoignages d'industriels attestent d'un territoire à la croisée des chemins pour son avenir économique © J-C Barla
Les témoignages d'industriels attestent d'un territoire à la croisée des chemins pour son avenir économique © J-C Barla
La concrétisation des 31 projets recensés, 20 milliards d’euros d’investissements industriels et 10 000 emplois créés en Provence n’est pas qu’une affaire d’accélération des autorisations administratives et environnementales ou de moyens financiers. Elle doit s’inscrire dans une démarche beaucoup plus large et « Provence, Fabrique des Possibles » s’est employé à l’exprimer ce 19 mars au Port Center à Marseille. D’abord, pour encourager industriels et organisations professionnelles, associés ou pas à ce rassemblement d’acteurs engagés, à rester actifs dans l’affirmation de leurs attentes auprès des pouvoirs publics. La fréquentation élevée de la soirée, avec plus de 200 participants, montre que l’initiative gagne en ampleur. Jamais, auparavant, dans la région, autant d’entrepreneurs n’avaient donné l’impression de s’atteler à parler ainsi d’une seule voix.

Ensuite, parce que nombre de leurs interlocuteurs présents au lancement de « Provence, Fabrique des Possibles » en 2024 ont changé, à commencer par le préfet de région, Georges-François Leclerc, nommé en janvier, et le sous-préfet d’Istres, Christophe Borgus, arrivé l’automne dernier. Continuer à marteler les messages s’impose, d’autant plus que le temps s’écoule, le contexte économique change, les moyens étatiques se restreignent. Chacun a bien conscience qu’apporter des arguments sérieux aidera à convaincre au plus haut niveau d’accompagner la réindustrialisation et la décarbonation du territoire, déclinée dans la « Feuille de route 2025-2030 pour le développement industriel du Golfe de Fos-Etang de Berre » et signée le 27 février par l’Etat, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Métropole Aix-Marseille-Provence.

Une mutation à bien préparer

« En un an, nous avons rencontré et sensibilisé plus de 350 acteurs, ministres, parlementaires, décideurs locaux, pour partager nos visions et attentes. Nous convergeons sur la nécessité de concilier développement industriel et territorial, explique Jean-Michel Diaz, président du Groupement Maritime et Industriel de Fos et région (GMIF). Un débat public global s’ouvre début avril. Notre mobilisation doit être massive sur tous les lieux, il est fondamental d’apporter au public les éléments sur l’intérêt de déployer de l’énergie, de décarboner et d’implanter de nouvelles activités ». Dans le manifeste rédigé, « Provence, Fabrique des Possibles » cible pour les pouvoirs publics sept thématiques prioritaires pour une expansion qui profiterait à tout le monde : gouvernance, financements, mobilités, approvisionnement électrique, accélération des autorisations, logement et emploi / formation. « Nous devons rendre ces développements les plus acceptables possibles et améliorer les conditions de vie et de travail » indique Christine Baze, présidente d’Industries Méditerranée alors que Pascal Kuhn, président de l’UIMM Alpes-Méditerranée, invite à voir dans ce manifeste « sept projets d’action ».

Alexis Martinez, président d’H2V, insiste sur l’indispensable apport de la nouvelle ligne 400 kV. « A Fos, l’ensemble des ingrédients est réuni pour réussir, il faut juste plus d’électricité ». Guillaume Eveno, nouveau directeur de la bioraffinerie de TotalEnergies à La Mède, évoque les dizaines de millions d’euros d’investissements prévus avec Air Liquide et Engie pour continuer à enrichir le complexe industriel autour de l’hydrogène. Frédéric Busin, directeur de l’action régionale d’EDF, enchaîne sur les réflexions en cours sur l’étang de Berre avec « Provence Bleue » pour sécuriser ressources énergétiques et d’eau sans altérer l’environnement, sur les perspectives des fermes éoliennes en mer dans le golfe de Fos. « C’est un marché colossal pour l’industrie régionale et française, avec des volumes financiers considérables » promet-il.

Des axes à sécuriser

Pour Hervé Martel, président du directoire du Grand Port Maritime, les projets impliquent une desserte appropriée de la zone industrialo-portuaire. « Il faut une programmation des infrastructures routières qui réponde aux attentes des entreprises et des habitants » réclame-t-il, mentionnant les contournements de Martigues-Port-de-Bouc et d’Arles, la liaison Fos-Salon… Il en va aussi de la sécurité de tous sur ces axes aussi encombrés que risqués. « On dénombre 12 000 accidents sur les trajets domicile-travail » glisse Olivier Betoux, directeur Génie Civil Sud de Vinci. Au nom de France Nature Environnement, Gilles Marcel espère l’émergence de convergences respectueuses des populations comme de l’environnement, mais il admet que « c’est loin d’être acquis ». Le débat public, programmé du 2 avril au 13 juillet sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), démontrera vite si le dialogue s’instaure sereinement ou si les confrontations de postures handicaperont la quête des justes équilibres.

Concilier des stratégies multiples

Le préfet de Région va découvrir la pratique « méditerranéenne » de cet exercice où élever la voix, accuser et intimider est fréquent sur les sujets les plus critiques. Mais il souhaite de l’exemplarité pour l’aider ensuite à « trancher au nom de l’intérêt général ». A ses yeux, il importe de relancer la construction de logements sociaux sans lesquels les salariés ne trouveront pas, à proximité des sites, de quoi se poser avec leurs familles. Il fustige les maires qui « se glorifient dans la presse de ne pas en faire ». « Tant qu’on n’en fera pas plus, il y aura des problèmes de mobilité » assure-t-il. Mais l’expansion promise par une réindustrialisation décarbonée ne doit pas, pour lui, s’accomplir au détriment de l’environnement. « On est dans un univers de transition écologique » rappelle Georges-François Leclerc, pour que chaque hectare industrialisé participe à la revitalisation écologique, par le mécanisme de compensation, de terres ou zones dégradées. « Toutes les stratégies doivent fonctionner de la même manière, sinon ça ne décollera pas ».

Il confirme mettre tous ses services à l’écoute et en action pour progresser, invitant chaque industriel à porter des dossiers exemplaires pour ne pas risquer d’être pénalisés par des règles d’un droit « complexe ». « Passer en force, c’est se faire plaisir, mais ça ne marche jamais ». Ces messages préfectoraux semblent avoir été entendus dans l’assistance, la volonté de bien faire est évidente à l’écoute des acteurs de « Provence, Fabrique des Possibles ». Le débat public à venir démontrera jusqu’à quel point…



Jean-Christophe Barla

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