L'authenticité du "savon de Marseille" a 125 ans

La pratique se renouvelle inlassablement depuis 1900 dans l’usine historique de la savonnerie Marius Fabre à Salon-de-Provence. La pâte de savon, née du mélange des huiles végétales et de la soude, est chauffée durant 10 jours entre 100 et 120 degrés dans des chaudrons de cinq mètres de profondeur. Elle s’écoule ensuite, encore chaude, du 1^er étage vers le rez-de-chaussée dans des "mises", vastes bacs rectangulaires de stockage dans lesquels elle va sécher 48h. Elle sera alors découpée pour se transformer en barres et cubes de Savon de Marseille. Ce process, le « maître savonnier » Jean-Pierre et son équipier Nicolas y veillent avec le plus grand soin. Ils auront bientôt l’occasion d’en exposer toutes les subtilités au public.

Julie et Marie Bousquet-Fabre, arrière-petites filles de Marius, 4^e génération de dirigeantes, ont en effet décidé d’en faire l’attraction principale du 125^e anniversaire de la savonnerie. « Les visiteurs connaissent notre musée, notre boutique et nos parcours habituels, mais nous voulions leur donner l’opportunité de voir cette "coulée de la cuite" qui est l’une des étapes majeures et insolites de notre savoir-faire dans la fabrication du savon », explique Julie. Elle permet également au public de découvrir combien ce mode de production est resté traditionnel et conserve ainsi le côté 100 % naturel du Savon de Marseille. « Ici, il n’y a pas de savon coloré ou parfumé. Notre savon vert réalisé à base d’huile de grignons d’olives conserve toutes ses propriétés et bienfaits pour la peau », souligne Marie.

Effectué par groupe de 8 personnes avec un guide dédié, en mode « VIP », le parcours d’1h30, prévu un lundi par mois à compter du 19 février, exigera une réservation préalable et sera payant (25 €). L’entreprise emploie aujourd’hui une quarantaine de salariés et compte deux boutiques à Salon, une à Paris et à Arles, pour un chiffre d’affaires de près de 9 M€ réalisé dans plus de 40 pays entre Asie, Amérique du Nord et Europe. 

 

D'autres nouveautés sont à venir cette année pour Marius Fabre. Plusieurs ateliers familiaux sont devenus au fil des années des rendez-vous prisés par les acheteur(e)s, comme la découpe ou l’estampillage du savon. Ils pourront très prochainement apprendre à fabriquer sur place leurs propres cosmétiques naturels, baume à lèvres, gommage corps et visage, crème pour les mains… « Les cosmétiques, c’est comme de la pâtisserie », confie Julie. « A partir de 12 ans, chacun pourra bénéficier sur place de tous les conseils pour reproduire ensuite à domicile les bons gestes avec les bons ingrédients ». Si elle propose une gamme de cosmétiques naturels sous la marque « Olivia », la savonnerie ne les produit pas à Salon-de-Provence où elle ne dispose pas de salle blanche, indispensable à leur fabrication, mais s’appuie sur des laboratoires spécialisés auxquels elle fournit son cahier des charges. « Les consommateurs, et notamment les jeunes, sont de plus en plus attentifs aux vertus des produits naturels. Cet atelier contribuera à les sensibiliser », poursuit Marie.

Parallèlement, les deux sœurs entendent encore mieux valoriser « la riche histoire familiale » avec l’appui de leur 3e sœur Anna, directrice artistique. Le "week-end anniversaire" se tiendra les 21 et 22 juin 2025, avec, assurent-elles, d’autres surprises qui devraient se décliner sur la ville de Salon. En 2024, plus de 30 000 personnes ont pris part aux animations organisées par la savonnerie, un niveau de fréquentation qui se rapproche de celui de la période pré-COVID. « Montrer la fabrication reste notre force. Si l’appellation "Savon de Marseille" ne bénéficie toujours pas d’une protection nationale, chacun peut juger sur pièces ici de notre authenticité », glisse Julie.