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​Les infrastructures de transport à l’épreuve du changement climatique


Rédigé le Vendredi 3 Janvier 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


Les événements climatiques extrêmes se multiplient fragilisant les routes, les ponts, les voie ferrées. La région Provence-Alpes Côte d’Azur, pionnière en France dans le déploiement de la planification écologique, réalise depuis un an aux côtés de l’État une étude pilote d’adaptation au changement climatique pour les infrastructures de transport.


La tempête Alex s'est abattue dans la Vallée de la Roya. Ici le pont du Cairos en octobre 2020. © CD06
La tempête Alex s'est abattue dans la Vallée de la Roya. Ici le pont du Cairos en octobre 2020. © CD06
En France, à l'horizon 2100, un grand nombre de voies routières structurantes et 240 km de voies ferrées sont menacées par la montée du niveau des mers et des océans. Si rien n'est fait d'ici là, l’équivalent de la surface d’un département français sera sous les eaux, engloutissant infrastructures et équipements publics, bureaux et logements, et tous les aménagements côtiers, pour une valeur totale de 100 Md€. Le ministère des Transports élabore en ce moment son 3e Plan national d’adaptation au changement climatique, avec comme ambition de définir à fin 2025 une feuille de route d’identification des infrastructures les plus vulnérables et des chaînes logistiques les plus exposées. 

 

Pont Bendola Saorge en octobre 2020. © CD06
Pont Bendola Saorge en octobre 2020. © CD06

21 000 km de routes examinées

« L’étude a débuté en 2023 et concerne 21 000 km de routes en France », a expliqué Zehir Kolli, chef de projet transition écologique à la Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM) pendant son intervention du 6 décembre dernier, lors du colloque annuel de l’Observatoire régional des transports en Provence-Alpes Côte d’Azur. Il ajoutait qu'il fallait déjà se rendre compte que des catastrophes naturelles avaient lieu de plus en plus souvent, « à Nîmes, en septembre 2021, avec l'inondation de l’A 9, le 27 août 2023  avec le blocage total de l'A 43 par un éboulement dans la Vallée de la Maurienne, ou un effondrement sur la RN 134 qui relie la France à l'Espagne, dans la Vallée d’Aspe. Avec la hausse des précipitations, nous faisons face à une augmentation importante des glissements de terrain et des débits de crue. Nos routes et nos ouvrages d’art sont vieillissants, ils souffrent. » 

La Région sud pionnière en la matière

Particulièrement exposée aux phénomènes climatiques rudes, dits "méditerranéens", la Région sud est aujourd'hui pionnière en matière d’adaptation au changement climatique. Engagée depuis 2023 dans la planification écologique, la collectivité a mis en place 10 groupes de travail sur 10 thématiques avec plus de 672 actions proposées par plus de 300 participants. « Parmi les enjeux : la réduction des gaz à effet de serre et des déchets, la préservation de la biodiversité, la qualité de l’air, de l’eau, des sols. Un de ces groupes de travail s‘intitule : Mieux se déplacer et mieux transporter des biens », souligne Frédérique Chaze, directrice adjointe de la DREAL PACA. Le ministère des transports collabore à l’étude pilote que mène la Région. 

Après la tempête Alex, reconstruire des infrastructures résilientes

« Nous regardons comment, à partir de ce retour d’expérience d’étude des infrastructures de transport, nous pourrions déployer cette démarche dans d’autres territoires », précise Téodora Popescu, chargée du pilotage global du volet transports du Plan national d'adaptation au changement climatique. « L’Ile-de-France vient de démarrer une étude sur ses infrastructures ferroviaires. Dans le cadre de l’instauration des services express régionaux métropolitains, l’État lui a demandé de réaliser une étude de vulnérabilité de tous les systèmes de transport », explique-t-elle. Les entreprises publiques majeures du secteur (SNCF, RATP, Société des Grands projets, les grands ports maritimes et plusieurs aéroports) travaillent chacune à construire leur plan d'adaptation. 

La tempête Alex, qui s’est abattue en 2020 dans les Alpes-Maritimes, a particulièrement touché la Vallée de la Roya entraînant la mort de 10 personnes, portant 8 autres comme disparus et endommageant 85 Km de voies ferroviaires et 20 ponts. Elle a occasionné les 
plus gros dégâts (1 Md€) depuis la Deuxième Guerre mondiale, selon le préfet Pelletier, spécialement désigné pour superviser les travaux de reconstruction dans la vallée. « Nous avons bénéficié d’un soutien de l’État de 600 M€ dont 300 M€ pour reconstruire les routes et les réseaux d’assainissement. Il a fallu compléter par des fonds européens et un fonds exceptionnel de résilience », souligne Emmanuel Acchiardi, directeur de la mission interministérielle pour la reconstruction des vallées. Le réseau ferroviaire a mieux résisté que la route particulièrement dévastée.

« 
Même si la ligne a été endommagée, elle restait tout de même circulable »souligne Sandrine Rabaseda, dirigeante du pôle Environnement et Développement durable de SNCF Réseau. « Durant les premières 48 h, nous avons envoyé des équipes pédestres et des quads, avec une halte provisoire installée à Saint-Dalmas de Tende. Par la suite, les principaux travaux ont porté sur la reconstruction du mur à arcatures de 120 m de long et 15 m de haut, qui a été particulièrement déstabilisé par la crue. Le chantier a nécessité 20 000 h de travaux acrobatiques, nuit et jour. » 

Les travaux en rivière ont particulièrement bien fonctionné grâce à une procédure administrative particulière, mise en place pour accélérer les travaux. Autre point fort, la reconstruction d’un pont a été particulièrement résiliente pour tenir compte de l’augmentation du débit de la rivière.  « 
Nous avons bien géré la crise, en revanche, les travaux de reconstruction étaient moins bien coordonnés », observe Sandrine Rabaseda.
Par ailleurs, dans un contexte où les épisodes climatiques se répètent, la communication des populations s‘avère un élément déterminant. Ainsi, le jour même de la tempête, la SNCF a averti par texto ses clients de l’interruption totale de la circulation dans le Var et les Alpes-Maritimes. Cela a probablement sauvé de nombreuses vies. 




Nathalie Bureau du Colombier

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