​Malgré la baisse des trafics, le Port de Marseille accélère ses investissements


Rédigé le Mardi 28 Janvier 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


Fret en repli de 2 % par rapport à 2023 et flux de passagers en baisse de 4 %, le bilan 2024 du port de Marseille-Fos est plutôt contrasté, marqué par des vracs solides et liquides en baisse et des flux conteneurisés en hausse de 9 %. L'année 2025 débute sur un nouveau projet stratégique et une montée en puissance des investissements.


Hervé Martel et Christophe Castaner, ont été reconduits dans leurs fonctions respectives de présidents du directoire et du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos. ©LM
Dans un contexte international et national de plus en plus instable, établir des projections de trafics s‘avère un exercice de haute voltige. Le tandem Hervé Martel et Christophe Castaner, fraîchement reconduits dans leurs fonctions respectives de présidents du directoire et du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos, ont évoqué, ce 27 janvier, tour à tour les tensions politiques franco algériennes au sujet du Sahara Occidental, le bras de fer entre Donald Trump et l’Europe, la guerre russo-ukrainienne et les tensions persistantes au Proche-Orient avec le détournement des routes maritimes commerciales de Suez vers Bonne-Espérance.
Si les projections pour 2025 restent incertaines, les deux dirigeants ont dressé un bilan précis de l’année écoulée.

Retour quasiment au niveau de 2020

L'année 2024 s’achève sur un trafic total en demi-teinte à 70,5 Mt, en recul de 2 %, renouant avec la triste année pandémique de 2020 (69 Mt). Parmi les faits marquants, le trafic de vracs solides est en baisse de 26 % en raison du quasi arrêt des deux hauts-fourneaux d’Arcelor-Mittal. L’inquiétude reste persistante autour de l’avenir de la sidérurgie. Une situation qui a conduit en 2024 le manutentionnaire Carfos (Sea Invest) au dépôt de bilan. 
 
La hausse de 9 % des flux conteneurisés a permis de clore 2024 avec 1,45 million d’Evp. Un effet d’aubaine dopé par les flux en transbordements provoqué par les conséquences de la crise en Mer Rouge.  La tendance devrait s‘accélérer avec le lancement de Gemini Cooperation (unissant Maersk et Hapag Lloyd) qui, à compter du 1er février 2025, opèreront des navettes depuis Valence, Barcelone et Tanger Med. En revanche, MSC a renforcé son offre maritime avec deux nouvelles lignes vers la Méditerranée orientale et CMA CGM a augmenté ses capacités vers l’Asie. Le trafic roulier a, quant à lui progressé de 5 % en 2025 tiré par le dynamisme en Tunisie et en Corse. La filière vracs liquides marque un repli de 2 % en 2024 avec des imports de brut toujours en baisse et un recul de 16 % du GNL compensé par la hausse des entrées de raffinés.
 

Les grands chantiers : éolien flottant, courant de quai, eau industrielle, terminal à conteneurs.

Le trafic passagers — réparti entre 2,4 millions de croisiéristes et 1,5 million de passagers sur les lignes régulières — achève l’année 2024 avec un recul de 4 %. Après avoir commenté chaque ligne de son tableau Excel, Hervé Martel a ensuite insisté sur l’ampleur des investissements nécessaires pour accompagner la myriade de projets à Fos et la décarbonation des activités industrielles et de la mobilité lourde. "Nous sommes face à un mur d’investissements avec plus d’un milliard d’euros au cours des quatre prochaines années. C’est un défi majeur pour le port. Nous poursuivons en 2025 sur le même niveau d’investissements que l’an passé à près de 100 M€ », souligne le directeur du port.

Parmi les grands projets à financer, on peut pointer la plate-forme d’assemblage des éoliennes off-shore flottantes, un nouveau terminal à construire sous trois ans (600 M€), la poursuite de l’électrification des quais avec trois connections de 16 MW pour la croisière (170 M€), mais aussi les investissements nécessaires dans les infrastructures pour accompagner cette « troisième révolution industrielle », selon les termes de Christophe Castaner. Eau et électricité étant le socle de la décarbonation des industries et de la production de nouveaux carburants (hydrogène, e-methanol), la ligne haute tension de 400 000 volts demeure une priorité vitale.
Un nouveau réseau d'eau brute à usage industriel devrait être installé sur la zone du môle central à Fos (23,3 M€). Ces travaux permettront de distribuer 8,9 millions de mètres cubes supplémentaires aux futurs industriels de la zone dès 2026. Le conseil de surveillance du port a confirmé l’augmentation des capacités conteneurisées à Fos, avec le projet Fos 3XL. Hervé Martel a laissé entendre que MSC en serait l’opérateur. Le terminal pourra recevoir deux navires de 400 m de long.

L’exercice 2024 du port phocéen s’est achevé sur un chiffre d’affaires de 224,5 M€. La stratégie de port aménageur commence à porter ses fruits avec probablement des tarifs du foncier revus à la hausse.


 



Nathalie Bureau du Colombier
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