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Les Maeght, une passion mécène ancrée au Sud


Rédigé le Mercredi 17 Juillet 2024 par Éric Collomb


Cette année, la Fondation Maeght célèbre ses 60 ans dans son écrin de Saint-Paul-de-Vence. Mais Draguignan révèle une face plus intime de Marguerite Maeght.


Le portrait de Marguerite Maeght entre deux tableaux de Sainte Roseline, sa protectrice. (Photo JC Barla)
Le portrait de Marguerite Maeght entre deux tableaux de Sainte Roseline, sa protectrice. (Photo JC Barla)
Le 28 juillet 2024, la Fondation Maeght célèbrera son 60e anniversaire à Saint-Paul-de-Vence. Ella Fitzgerald et Yves Montand avaient chanté à son inauguration. Mêlant art moderne et contemporain, architecture (signée Josep Lluis Sert) et nature, le site a été créé par un couple de mécènes, marchands d’art, éditeurs et imprimeurs de l’après-guerre, Aimé et Marguerite Maeght, encouragés par de nombreux artistes dont ils avaient accompagné le parcours et qu’ils ont contribué à installer parmi les plus grands peintres et sculpteurs du 20e siècle : Joan Miro, Alexandre Calder, Fernand Léger, Georges Braque, Alberto Giacometti ou encore Marc Chagall.

Forte d’une collection de 13 000 œuvres, inspirée de modèles américains (Barnes, Philips, Guggenheim…), la Fondation Maeght est la première fondation privée dédiée à l’art lancée en France. Cet été, les visiteurs peuvent y découvrir une exposition sur l’amitié liant le couple avec Pierre Bonnard (dont la maison et l’atelier sont devenus le musée Bonnard du Cannet) et Henri Matisse (dont le musée a fêté ses 60 ans en 2023 à Nice). Mais c’est à Draguignan, dans un musée des Beaux-Arts soigneusement rénové en 2023 pour un investissement de 11 M€, qu’un éclairage inédit est porté sur l’existence et les convictions de Marguerite Maeght.

Une dévotion très personnelle

Cette exposition, intitulée Le vœu de Marguerite Maeght et visible jusqu’au 22 septembre, retrace l’histoire des œuvres (vitraux, mosaïque, mobilier liturgique…) signées Marc Chagall, Jean Bazaine, Raoul Ubac et Diego Giacometti pour la chapelle Sainte-Roseline aux Arcs-sur-Argens (Var), sur le domaine viticole éponyme. Maquettes, dessins, vidéos reconstituent l’acte de dévotion méconnu de la célèbre mécène qui s’était placée, après un malaise aux Etats-Unis, sous la protection de la sainte, dans la lignée de son grand-père.

« C’est le projet singulier d’une pélerine qui décide de financer la restauration et le nouveau décor de la chapelle, en faisant appel à des artistes amis. Marguerite Maeght ne s’est jamais exprimée sur cette commande, il ne reste aucune trace de ses intentions. L’ex-voto est une tradition vive en Provence. Avant et après sa mort en 1329, Sainte Roseline s’est fait connaître par ses miracles. Elle a été canonisée au 19e siècle. Ses yeux sont conservés dans un reliquaire de l’édifice, sa momie est visible dans la chapelle », explique Yohan Rimaud, conservateur du musée. Venue régulièrement prier dans le lieu, aujourd’hui monument historique, Marguerite Maeght, très croyante, a voulu exprimer sa gratitude à la sainte par une création artistique collective après la naissance de son petit-fils Jules.

Une fidélité et une foi sans faille

Derrière les murs de la chapelle Sainte-Roseline, des joyaux artistiques et religieux à découvrir avant ou après la visite au Musée des Beaux-Arts. (Photo JC Barla)
Derrière les murs de la chapelle Sainte-Roseline, des joyaux artistiques et religieux à découvrir avant ou après la visite au Musée des Beaux-Arts. (Photo JC Barla)
Il faudra deux ans de travaux entre 1968 et 1970 pour mener à bien cette création aussi spirituelle qu’artistique. « Quand elle a récupéré la chapelle après s’être aperçue de son état, elle a eu cet acte radical de faire remettre les sols à plat, de tout repeindre en blanc… » poursuit Yohan Rimaud. Pour la première fois, Chagall intervient dans un lieu de culte catholique. Inaugurée en 1975, la mosaïque est impressionnante par sa taille (6,48 m par 5,70 m), sa lumière, sa composition, reflet du 2e miracle de Sainte Roseline, que l’on appréhende de loin dans toute sa richesse. Tout le travail préparatif des artistes est détaillé dans le musée qui donne aussi à voir un portrait de Marguerite Maeght par Alberto Giacometti, des numéros de la revue « Derrière le miroir » que le couple Maeght avait imaginée pour offrir un moyen d’expression à leurs artistes favoris.

Une immersion musicale et picturale conclut l’exposition à travers une œuvre de Nina Laisné, « Frati Uccelli ». Née à Cannes en 1909, Marguerite Maeght a voulu remercier Sainte Roseline par ce projet unique, mais ce faisant, c’est au cœur de la Provence qu’elle a niché un cadeau d’art sacré qui mérite grandement le détour. En dernier symbole de l’attachement que lui a voué la mécène, la chapelle y abritera ses funérailles le 1er août 1977.

Musée des Beaux-Arts de Draguignan, 9 rue de la République - 83300 Draguignan
Site web : mba-draguignan.fr. Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi.


Tags : Art, Culture, Maeght, Var


Éric Collomb

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