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​Climat, IA, énergies… Les entrepreneurs face aux transitions


Rédigé le Lundi 8 Juillet 2024 par Laurie Maneval


Près de 7 000 participants ont assisté aux Rencontres économiques d’Aix les 5 et 6 juillet derniers. Sur fond de fébrilité à la veille des élections législatives, les grands patrons français et internationaux ont exprimé leur vision sur la production de nouveaux carburants face au changement climatique.


​Climat, IA, énergies… Les entrepreneurs face aux transitions
Près de 380 intervenants, économistes, universitaires, chefs d'entreprises, s'étaient donnés rendez-vous les 5 et 6 juillet derniers lors des Rencontres économiques d'Aix auxquelles ont assisté 7000 personnes. Des conférences et des temps d'échanges autour des enjeux économiques, numériques et climatiques ont permis de dessiner certaines pistes de réflexion.

Le changement climatique rebat les cartes, modifie sensiblement les stratégies des transporteurs, des producteurs d’énergie, des assureurs. Les comportements des citoyens évoluent également. On voit se développer des transitions climatiques et énergétiques à plusieurs vitesses, selon le périmètre de l’entreprise, dans ou hors du marché européen. Anne Rigail, directrice générale d’Air France, témoigne de cette féroce concurrence exercée par les pays hors UE, notamment Turkish Airlines et son surpuissant hub d’Istanbul, par les compagnies du Golfe ou celles d’Amérique Latine, attirant vers eux d'énormes flux de passagers séduits par des trajets à moindre coût. 

Anne Rigail, directrice générale d’Air France. ©L.M
Anne Rigail, directrice générale d’Air France. ©L.M

​ETS et SAF, un surcoût de 200 M€ pour Air France

Elle souligne que « l’échange de quotas d’émission (ETS, en anglais) et le carburant d’aviation durable (SAF) représentent un surcoût de 200 M€ pour Air France avec un impact sur notre modèle économique. La vraie question aujourd’hui, c’est le prix du SAF ». Invitée le 6 juillet à s’exprimer à la conférence « Fin des énergies fossiles, nouvelles technologies, gérer le monde d’après », Anne Rigail insiste également sur l’importance de l’évolution technologique des appareils. « Nous investissons un milliard d’euros par an dans 60 Airbus A220 et 60 Airbus A350 dont l’intensité carbone de chacun diminue de 20 à 25 % comparé aux anciens appareils. Nous optimisons également nos routes qui sont interconnectées au TGV. Notre objectif consiste à réduire de 30 % nos émissions de CO2 par passager kilomètre ». 
 
De son côté Patrick Pouyanné, Pdg de TotalEnergies, met en lumière les surcoûts de production de ces nouveaux carburants à partir de biomasse et d’huile de cuisson (3 à 4 fois plus cher qu’un fuel d’origine fossile) et des carburants de synthèse (8 à 10 fois plus chers). « Pour les fuels synthétiques, il faut investir aux États-Unis compte tenu des avantages fiscaux », affirme-t-il tout en expliquant également qu’il préfère vendre son carburant durable aux compagnies aériennes. « Les armateurs payent moins cher, ce ne sont pas eux qui l’auront », ajoute-t-il tout en rappelant qu’en 2050 les énergies fossiles représenteront encore 20 % du mix énergétique.

Selon Thomas Buberl, directeur général d’Axa, l’État doit mettre en place un plan de transition précis tout en gardant l’équilibre social. « Avec le temps la fragmentation sociale se poursuit », ajoute-t-il tout en soulignant la nécessité de clarifier le marché du crédit carbone. Pour financer la transition énergétique en conservant un souci d’équité Alain Tranoy, membre du Cercle des économistes, suggère l’instauration d’un quota d’émission individuel. 
 
 

Jean-Louis Girodolle, directeur général de la banque Lazard. ©L.M
Jean-Louis Girodolle, directeur général de la banque Lazard. ©L.M

« La première nécessité de ces transitions c’est un portage politique »

Dans une période où les transitions, qu’elles soient économiques, écologiques ou démographiques, sont plus que jamais au cœur des préoccupations sociales et politiques, la question de leur financement devient de plus en plus centrale. Pour Alain Tranoy, la transition démographique met en péril le système par répartition. « Il faudra introduire un système par capitalisation. Le financement des retraites va revenir sur la table », promet-il. Au regard du coût des transitions en cours, il faudra faire appel à l’épargne privée. « La première nécessité de ces transitions, c’est un portage politique. Ces transitions vont entraîner un énorme prélèvement pour les acteurs économiques. Ce sont des dépenses improductives, elles coûtent cher sans produire de richesse. Et nous ne sommes pas à l’abri du prélèvement forcé », avertit Jean-Louis Girodolle, directeur général de la banque Lazard.

De son côté Pierre Palmieri, directeur général délégué de Société Générale, prône un partage des risques entre les financements publics, privés, court terme et long terme. Il rappelle également l’enjeu de la formation pour préparer les générations à opérer dans le monde de demain. « La plupart des clients que nous aurons dans 5 à 10 ans n’existent pas encore ! », pointe-il tout en annonçant un fonds SG d’un milliard d’euros pour « financer les acteurs de demain, que ce soit dans l’acier, l’aluminium, le transport maritime ».

 

IA, facteur d’augmentation de la productivité

La transition numérique a largement alimenté les 24e Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, avec notamment une conférence sur le thème : "L’IA permet-elle de réenchanter l'industrie ?" 

Guillaume Liegey, patron d’Explain, explique comment il s’est emparé de l’IA pour alléger la fastidieuse opération de réponse aux appels d’offre publics. « Nous voulons réenchanter la réponse à la commande publique. Répondre à un appel d’offres public de 500 à 1000 pages c’est terriblement fastidieux. Nous automatisons les tâches », avance-t-il. Opérateur téléphonique chinois, Huawei met en avant les avantages de l’IA en matière d'industrie citant l’exemple d’un fournisseur de pièces automobiles qui a augmenté de « 30 % son taux d’utilisation des machines avec une économie à la clé de 15 à 20 % », souligne Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei France.

Pour Siemens France, l’IA est un atout précieux notamment pour la gestion intelligente des réseaux d’énergie. « Nous accompagnons les gestionnaires de réseaux électriques à identifier les congestions et éviter les black out », précise Doris Birkhofer, présidente de Siemens France. 




Laurie Maneval

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