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​Coopération maritime entre Alger et Marseille


Rédigé le Dimanche 19 Mai 2024 par Nathalie Bureau du Colombier


La mission de la Ville de Marseille, du port et de via Marseille Fos en Algérie du 12 au 15 mai 2024 avait une très forte dominante maritime. L’ambition des deux villes portuaires étant de resserrer, d’augmenter et de fluidifier les échanges tout en collaborant notamment sur l’équipement en courant de quai. En vue, des nouveaux corridors maritimes verts.


Le terminal DP World à Alger. ©NBC
Le terminal DP World à Alger. ©NBC
Notre-Dame d’Afrique domine la baie d’Alger. Non loin de là, dans le nouveau quartier d’affaires de Bab Ezzouar, se dresse l’imposante tour CMA CGM. Alger et Marseille sont deux villes miroir qui se reflètent dans la Méditerranée. Malgré les remous de l’histoire, de la géopolitique et de la crise sanitaire, les deux villes portuaires souhaitent resserrer leurs liens. « L’économie maritime est au cœur de la relation France-Algérie. Les ports d’Alger et de Marseille sont les poumons des deux villes. Le ministre des transports algérien a exprimé sa volonté de renforcer les partenariats dans le domaine maritime. L’État français fait du maritime une des priorités de son action. Nous avons 12 milliards d’euros d’échanges mais nous accusons une baisse des trafics ce qui prouve que nous avons du chemin à faire ensemble », a déclaré le 13 mai, Stéphane Romatet, ambassadeur de France à Alger, devant un parterre de personnalités économiques algériennes et marseillaises. 

Benoît Payan, maire de Marseille, Stéphane Romatet, ambassadeur de France à Alger et Kamel Moula, président de la CREA.©NBC
Benoît Payan, maire de Marseille, Stéphane Romatet, ambassadeur de France à Alger et Kamel Moula, président de la CREA.©NBC

10 % du trafic total du port de Marseille

Ainsi, le diplomate a donné le ton de ces trois journées résolument maritimes. « Nous devons relever des défis environnementaux à travers la décarbonation de nos ports et de nos économies. Marseille a engagé cette mutation et nous devons préparer l’avenir ensemble et écrire un nouveau destin », a plaidé Benoît Payan, maire de Marseille. L’Algérie est le premier client du port de Marseille pour le fret et les passagers. « L’Algérie représente 10 % du trafic total du port de Marseille, pèse 80 % de nos trafics de vracs liquides. Le pays se place en 4ème position pour les flux conteneurisés et représente 60 % des flux de passagers du Maghreb avec 434 175 voyageurs en 2023 qui partent et arrivent depuis le Cap Janet », souligne Fatiha Jaureguy, chargée de mission à la direction du développement commercial du port de Marseille-Fos.  

Cette nouvelle gare internationale, désormais équipée du courant de quai, va pouvoir dès cette année brancher les navires de Corsica Linea en attendant l’équipement dans ce dispositif des quatre ferries d’Algérie Ferries. « Nous avons deux navires desservant l’Algérie déjà équipés et, fin 2025, le Danielle Casanova et le Méditerranée seront eux aussi connectés », explique Pierre Mainguy, directeur commercial de Corsica Linea.
 

« La nature du commerce avec l’Algérie a changé »

Mohamed-Karim Eddine Harkati, Pdg de Serport. ©NBC
Mohamed-Karim Eddine Harkati, Pdg de Serport. ©NBC
La France, via l’Ademe, finance 20 % des équipements pour une enveloppe globale de 850 000 €. Le Badji Mokthar III, navire amiral de la flotte d’Algérie Ferries pourrait être connecté dès cette année. Cet été, 87 rotations d’Algerie Ferries sont prévues à Marseille. En revanche, côté algérien pas de potence à l’horizon, les ports sont en retard. Mohamed-Karim Eddine Harkati, Pdg du Groupe des services portuaires (Serport) se dit soucieux « de la protection de l’environnement et de la réduction des oxydes de soufre » et souhaite « échanger des bonnes pratiques avec Marseille et ouvrir la voie à des nouvelles opportunités ». 

Sur le terrain de l’informatique portuaire, l'entreprise spécialisée MGI (Marseille Gyptis international) qui avait collaboré avec le port d’Alger, a expliqué les enjeux de rapprocher les systèmes (Algerian port community system, APCS, pour la douane et le nouveau cargo community system coréen ALCES, Algerian Customs Electronic System en vigueur depuis 2023). L’introduction de ce système informatique a permis de réduire l’engorgement du port d’Alger au lendemain de la décision du gouvernement de fermer les ports secs.

« Le prisme économique de l’Algérie a changé. Le pays veut développer les investissements dans l’agriculture et dans l’industrie. Il cherche à exporter et à équilibrer ses flux. La nature du commerce a changé et nous essayons d’avoir plus de navires, peut-être de créer des lignes RoRo (pour Roll-on, Roll-off, navire-transporteur de véhicule dont la marchandise est acheminée en roulant depuis une rampe, ndlr)  tout en améliorant la digitalisation du transport entre Alger et Marseille », a conclu Stéphane Salvetat, président de Via Marseille Fos.
 




Nathalie Bureau du Colombier




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