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Armateurs marseillais et norvégiens tiennent la barre de la transition énergétique


Rédigé le Mardi 4 Février 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


La Norvège, souvent citée comme un modèle en matière de décarbonation de l'industrie maritime, a été invitée à participer au premier Green Maritime Forum, le 4 février à Marseille, afin de resserrer les liens avec les armateurs phocéens et d’entrevoir des axes de coopération autour des nouvelles technologies et énergies.


Le Green Maritime Forum s'est tenu le 4 février à Marseille. ©NBC
Le Green Maritime Forum s'est tenu le 4 février à Marseille. ©NBC
Le Green Maritime Forum, une journée organisée par l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos et par le Comité marseillais des armateurs français, en collaboration avec l’agence gouvernementale Innovation Norway et l’Ambassade Royale de Norvège, a permis des échanges fructueux entre professionnels norvégiens et marseillais le 4 février dernier. À quatre mois du passage de la Méditerranée en zone à faibles émissions de soufre, les armateurs phocéens ont accueilli leurs homologues norvégiens au Palais de la Bourse.  « Une initiative pertinente d’échange de bonnes pratiques destinée à lever les freins de la décarbonation », a déclaré, en visio-conférence, le ministre des Transports Philippe Tabarot. 

Située en zones SECA (Sulphur emission control area - aire de contrôle des émissions de soufre) et NECA (Nitrogen emission control area - aire de contrôle des émissions d'azote), la Norvège applique depuis 2015 et depuis 2021 des restrictions sur les émissions de soufre et d’oxyde d’azote. Ces réglementations ont accéléré l’adoption de carburants alternatifs en Norvège, notamment le GNL, l’hydrogène, l’ammoniac et l’électrification des ferries et navires côtiers. « Notre pays compte les meilleurs experts de la construction navale et des carburants alternatifs », a déclaré, également en visio-conférence, la ministre norvégienne de la mer, Marianne Sivertsen Naess. 

Hedda Felin, Pdg d’Hurtigruten. ©NBC
Hedda Felin, Pdg d’Hurtigruten. ©NBC

Hurtigruten : « Nous ne pouvons pas attendre la solution parfaite »

La compagnie maritime Hurtigruten, à la tête d’une flotte de dix navires qui effectuent du cabotage le long des côtes, entre Bergen et Kirkeness, a entrepris la conversion de sa flotte pour un coût global d’un milliard d’euros. « Depuis 2018, nous utilisons le courant de quai et en 2025 nous achèverons la transformation de notre flotte. Nous ne pouvons pas attendre la solution parfaite. Nous avons introduit les biofuels en 2021 puis, l’année suivante, nous avons introduit la technologie hybride biofuel et batteries. En 2025, notre quatrième navire hybride prendra du service », explique Hedda Felin, Pdg d’Hurtigruten. L’armateur planche actuellement sur un navire de croisière zéro émission qui concentre l’ensemble des technologies disponibles (solaire, vélique, batteries…).  « La Norvège veut être pionnière de la transition verte, elle a la responsabilité de trouver des solutions pour le futur grâce au soutien de l’Etat. Nous avons envie de partager ce que nous avons appris afin de mieux collaborer avec Marseille dont l’héritage maritime est important », ajoute la présidente. Marfret, Méridionale et Corsica Linea ont présenté leurs solutions et leurs projets pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère : vélique, GNL et courant de quai.  
 
 

Xavier Leclercq, vice-président de CMA Ships, filiale de CMA CGM.©NBC
Xavier Leclercq, vice-président de CMA Ships, filiale de CMA CGM.©NBC

Premier navire au méthanol le 16 février pour CMA CGM

Pionner dans l’introduction du GNL en 2017, CMA CGM a annoncé l’entrée en flotte le 16 février de son premier navire au méthanol construit par Hyundai Heavy Industries. « Le CMA CGM Iron, un porte-conteneurs de 8 000 EVP, reliera l’Asie du Sud-Est à l’Europe et réalisera ses opérations d’avitaillement en Chine », a annoncé Xavier Leclercq, vice-président de CMA Ships, filiale de CMA CGM. Le méthanol est un carburant plus coûteux que le GNL, mais conforme aux exigences de décarbonation européennes et de l’Organisation maritime internationale.
Lors de ce Green Maritime Forum, il fut également question du captage, de l'utilisation et du stockage du carbone, avec la mise en lumière de Northern Lights, une installation située près de Bergen à 2 Md$. Longtemps dépendante de son industrie gazière et pétrolière, la Norvège investit désormais massivement dans la transition énergétique du secteur maritime.

Côté français, la veille du Green Maritime Forum, un nouvel appel à projets était annoncé pour soutenir la décarbonation du transport maritime dans le cadre de la stratégie d’accélération "Digitalisation et décarbonation des mobilités" de France 2030. Encore faut-il que la France valide son budget pour concrétiser ses ambitions ! Le secteur représente aujourd’hui encore 3 % des émissions européennes de gaz à effet de serre, dont 85 % sont issues du transport des marchandises.

 




Nathalie Bureau du Colombier




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