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​Grèves, visas : les grands dossiers des portuaires provençaux


Rédigé le Mercredi 12 Juin 2024 par Laurie Maneval


L'Union maritime et fluviale de Marseille-Fos organisait son assemblée générale annuelle le 12 juin dernier. Les adhérents ont appris, pendant leurs travaux, la suspension du mouvement de grève, entamé début juin par les ouvriers portuaires, affiliés à la Fédération des Ports et Docks. La CGT reprendra ses actions en septembre.


Jakob Sidénius, président de l’UMF. ©NBC
Jakob Sidénius, président de l’UMF. ©NBC
Depuis le 12 juin à 15 heures, les ports français dont Marseille-Fos ont retrouvé une activité normale. Quelques heures plus tôt, les leaders syndicaux de la Fédération Nationale des Ports et Docks basée à Montreuil réfléchissaient à l’opportunité de maintenir la grève entamée début juin compte tenu de la dissolution de l’Assemblée nationale et de ses conséquences sur la vie politique et sur un potentiel changement d’exécutif. « Il n’y a plus personne au ministère des transports capable de nous apporter des réponses. La grève dans ce contexte est inutile et inefficace. Nous relancerons le mouvement en septembre avec deux journées de ports morts les 27 et 28 septembre prochains », a déclaré Pascal Galeote, secrétaire général CGT du GPMM et de Fluxel. Un soulagement dans les rangs de l’UMF même si en septembre, de nouvelles actions sont prévues. Parmi les autres grands sujets de préoccupation lors de cette assemblée générale, l’évolution des trafics de marchandises.

Tonnages en repli

L'Assemblée générale de l'UMF a rassemblé à Martigues une soixantaine de participants. ©L.M
L'Assemblée générale de l'UMF a rassemblé à Martigues une soixantaine de participants. ©L.M
De janvier à fin mai 2024, le trafic global du port de Marseille-Fos marque un repli de 11 % comparé à la même période de 2022, une année sans grèves. Les vracs solides chutent de 43 % et les flux conteneurisés sont en baisse de 12 %. « Le marché est morose. Les grèves ont pesé sur l’activité et les chargeurs ont pris leur décision d’aller à Anvers et à Barcelone. Ce manque de fiabilité ne concourt pas à l’attractivité des ports français. Il est difficile d’évaluer les déviations de trafic, mais le nombre d’escales de navires a baissé et nous avons dû revoir à la baisse le nombre de conteneurs en transbordement », explique le manutentionnaire Jakob Sidénius, président de l’UMF. Il a également fait part de sa préoccupation vis-à-vis de l’occupation persistante du canal de Suez par les rebelles Houtis qui renchérit les coûts de transport, contraignant encore les armateurs à rallonger leurs itinéraires via la route du Cap de Bonne Espérance. 
 
 

L'application stricte des articles 35 et 36 du Code des visas Schengen depuis fin 2023 complique les relèves d'équipages à Marseille. ©L. M
L'application stricte des articles 35 et 36 du Code des visas Schengen depuis fin 2023 complique les relèves d'équipages à Marseille. ©L. M

MSC et CMA CGM ouvrent deux nouvelles lignes à Fos

En dépit de ces désorganisations, les armateurs étoffent la connectivité maritime au départ de Fos avec une nouvelle ligne en juillet pour MSC qui reliera la côte Est des États-Unis chaque semaine. A compter du 30 juin, CMA CGM déploie sept navires de 7 000 Evp supplémentaires (Equivalent vingt pied, unité de mesure des navires porte-conteneur basée sur le volume d'un conteneur de 20 pieds, ndlr). Ils navigueront, en juillet et août, entre La Chine, le Nord Europe et la Méditerranée avec une escale à Fos. « La fiabilité sociale est essentielle pour que cette dynamique se mette en place », a insisté Hervé Martel. Le président du directoire du port de Marseille-Fos associe l’UMF et le conseil de développement portuaire aux travaux préparatoires du prochain projet stratégique 2025-2029. « Monsieur Castaner nous a demandé de participer également à la vision 2050 des deux bassins portuaires », a annoncé le président de l’UMF. 

Le syndicat professionnel rassemble toutes les familles portuaires parmi lesquelles le syndicat des transitaires de Marseille-Fos appelé à changer de nom le 5 juillet prochain en vue de son alliance avec la communauté des transitaires lyonnais. Gérald Kothe, président de l’Association des agents consignataires de Navires de Marseille Fos, est sorti de la réserve pour dénoncer les difficultés rencontrées pour l’obtention des visas des marins lors des relèves d’équipages sur les navires avec pour effet un allongement des délais de traitement. L'application stricte des articles 35 et 36 du Code des visas Schengen depuis fin 2023 reflète la volonté de l'UE de renforcer la sécurité aux frontières et de contrôler les flux migratoires. 

« Nous subissons une interprétation stricte depuis fin 2023 de la Commission européenne des articles 35 et 36 sur la délivrance de visa Schengen. Auparavant, les agents traitaient les demandes de visa avec la police aux frontières en une demi-journée et désormais, il faut trois jours via les services consulaires. Nous avons des demandes de visas refusées et nous sommes contraints d’organiser les relèves dans d’autres ports. C’est un phénomène qui touche surtout les relèves d’équipage des navires de croisière et des navires en réparation navale », déplore Gérald Kothe.

L’UMF qui fait partie des 7 communautés portuaires métropolitaines est la première union de France avec 300 entreprises et 20 000 emplois directs. 




Laurie Maneval




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