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Eyco mise sur le collectif pour propulser son essor


Rédigé le Mercredi 11 Septembre 2024 par Jean-Christophe Barla


Fin 2024, le fabricant de microcircuits intelligents lancera sa production à grande échelle dans l’usine inaugurée le 10 septembre. Ses nombreux soutiens lui ont permis d’investir et de recruter.


Eyco s’est dotée d’équipements qu’on n’imaginait plus revoir un jour dans la microélectronique régionale (Photo JC Barla).
Eyco s’est dotée d’équipements qu’on n’imaginait plus revoir un jour dans la microélectronique régionale (Photo JC Barla).
« Tout a été mis en place pour que l’architecture du projet d’Eyco prenne bien et beaucoup de fées se sont penchées au-dessus de son berceau » a résumé Pierre Joubert, directeur général de Région Sud Investissement, avant la coupure de ruban, le 10 septembre, de l’usine d’Eyco à Trets. Alors que la filière microélectronique n’avait pas enregistré depuis longtemps d’implantation industrielle significative en Provence, voilà que se concrétise un investissement global de près de 30 millions d’euros avec l’ambition de récupérer une activité délaissée historiquement aux entreprises asiatiques. Dans son unité de 3 700 m2, Eyco veut produire 500 millions de microcircuits ultra-souples intégrant divers composants pour des usages multiples dans les secteurs de l’identité, la sécurité des paiements, la santé, l’intelligence artificielle… en montant progressivement en puissance, avec des innovations dès 2027-2028, et la volonté de convaincre des clients à l’international qu’ils ont tout à gagner à lui faire confiance.

Pour son président et fondateur en août 2020, Eric Eymard, cette « start-up industrielle » qui a déjà recruté 43 personnes et vise les 100 demain n’est pas que le fruit naturel de sa trentaine d’années d’expérience en microélectronique. Tout un ensemble d’intervenants, de « pointures », de relais publics et privés s’est impliqué pour lever les obstacles et lui donner les moyens financiers de parvenir en quatre ans à construire et démarrer l’usine dont il avait esquissé les contours sur papier et embaucher ses équipes.

Chaîne de valeur et de solidarité

« Le pôle de compétitivité Solutions Communicantes Sécurisées m’a ouvert les portes de l’écosystème et a aidé toute ma démarche. Grâce à son travail, j’ai pu échanger avec des universités, des laboratoires, des industriels, pour bien comprendre les besoins dans le domaine du « packaging avancé » de circuits intégrés. Nous voulons montrer que nos technologies peuvent être meilleures et plus compétitives que chez la concurrence asiatique » confie le dirigeant. Le profil des investisseurs privés qui le soutenaient a offert une assise solide à son dossier pour entamer la recherche de fonds. Même si la société naît en pleine crise COVID, la période se révèle favorable car le pays prend conscience de l’impérative nécessité de rebâtir une souveraineté industrielle sur les technologies sensibles.

Le plan de relance France 2030 a débloqué des enveloppes inespérées, complétées pour Eyco par des implications financières de la Région Sud, de la Métropole Aix-Marseille-Provence, du Crédit Agricole Alpes Provence (CAAP Création). « Nous avons mobilisé toute l’équipe de France de l’accompagnement pour aider Eyco à démarrer et crédibiliser son projet. Environ 16 millions d’euros sont apportés par Bpifrance. Il y a eu des vents contraires pour l’industrie dans les années 2000-2010. La French Fab est le mouvement de ceux qui croient à une réindustrialisation possible de la France » indique Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, en invitant d’autres porteurs de projets à solliciter ses équipes en région.

Transmettre et perpétuer les savoir-faire

Eric Eymard (Eyco), Pascal Chauvin (maire de Trets) et Nicolas Dufourcq (Bpifrance) ont souligné l’énorme effort commun que réclame l’implantation d’une usine en France (Photo JC Barla).
Eric Eymard (Eyco), Pascal Chauvin (maire de Trets) et Nicolas Dufourcq (Bpifrance) ont souligné l’énorme effort commun que réclame l’implantation d’une usine en France (Photo JC Barla).
« L’aspect financier n’est pas la seule mesure de la réussite, complète Eric Eymard. Pour pérenniser le « geste industriel » en France, il faut former les jeunes qui assureront nos savoir-faire demain. Nous avons bâti une chaîne intergénérationnelle à partir de séniors qui leur transmettent l’exigence de notre métier ». Là aussi, l’entreprise qui a créé dès 2021 son « Eyco Academy » a pu compter sur France Travail, l’UIMM Alpes-Méditerranée et l’OPCO 2i pour instituer avant et après embauche un programme de formation et d’insertion professionnelle de jeunes et de personnes en reconversion.

Sa quête d’exemplarité environnementale, avec une usine revendiquée « 0 rejet », peut contribuer enfin à redorer l’attractivité des métiers et « l’acceptabilité de la réindustrialisation dans la population » ajoute Olivier Teissier, secrétaire général adjoint pour les affaires régionales. Le maire de Trets, Pascal Chauvin, heureux qu’Eyco ait choisi sa zone de la Burlière, invite donc l’Etat à aller plus loin dans cet esprit. « Pour réindustrialiser, pour offrir des perspectives d’emploi à nos jeunes et nos habitants et faire progresser les communes et la métropole, il faut du foncier économique et s’adapter aux besoins. Or, le « Zéro Artificialisation Nette » complique les choses ».  




Jean-Christophe Barla




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