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L’industrie « historique » engage sa mutation à Fos-sur-Mer


Rédigé le Dimanche 20 Octobre 2024 par Jean-Christophe Barla


Les nouveaux projets font beaucoup concerter autour du golfe de Fos. Mais les usines existantes adaptent leurs installations au prix de lourds investissements…


Le four poche d’ArcelorMittal Méditerranée à Fos-sur-Mer est la première brique de son grand programme de décarbonation vers 2030 et 2050 (Photo JC Barla).
Le four poche d’ArcelorMittal Méditerranée à Fos-sur-Mer est la première brique de son grand programme de décarbonation vers 2030 et 2050 (Photo JC Barla).
Si la concrétisation des grands projets de Carbon, H2V ou GravitHy reste encore soumise à la réunion des moyens financiers nécessaires à leur développement et à une décision définitive d’investissement de leurs porteurs, l’évolution vers la décarbonation de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer n’en est pas moins engagée. Plusieurs projets le démontrent aujourd’hui, laissant entrevoir une amélioration très prochaine des émissions de gaz à effet de serre autour de l’étang de Berre. « Notre complexe a été le témoin des mutations de l’industrie européenne sur ces cinq dernières décennies, rappelait ainsi Bruno Ribo, directeur d’ArcelorMittal Méditerranée, lors de l’inauguration du « four poche » mis en service sur l’usine. Nous sommes aujourd’hui face à des défis très nombreux pour bâtir une entreprise plus résiliente, plus respectueuse de son environnement et plus ancrée dans son territoire. Les solutions, on les connaît, nous avons les talents et les connaissances pour le faire. Mais nous aurons besoin de l’Europe, de l’Etat et de tous les acteurs locaux pour coconstruire l’ambition de faire de cette zone un laboratoire de la décarbonation ».

ArcelorMittal Méditerranée a investi 76 millions d’euros dans cet équipement, avec une aide de 15 millions d’euros de l’Etat, pour accroître l’utilisation d’aciers recyclés dans son procédé et diminuer dès 2025 ses émissions carbonées de 10 %. A l’horizon 2030, le site qui ne fonctionne plus désormais qu’avec un seul de ses deux hauts-fourneaux souhaite se doter d’un four à arc électrique. Un projet encore plus coûteux pour réussir à atteindre une réduction de 35 % de ses émissions de CO2 à cette échéance. Il appartiendra au nouveau directeur depuis le 1er octobre, François Sgro, de le mettre sur la bonne voie… « Le soutien de l’Etat sera décisif pour réussir, confie-t-il. Mais l’Europe devra aussi veiller à rétablir des conditions de marché plus équitables pour éviter la concurrence déloyale des Etats-Unis ou de la Chine qui aident massivement leurs industries ».

Pour améliorer ses impacts, Kem One réalise un grand arrêt cet automne (Photo JC Barla).
Pour améliorer ses impacts, Kem One réalise un grand arrêt cet automne (Photo JC Barla).

Grand arrêt et aménagements ambitieux

Toujours sur la zone, KemOne conduit actuellement et jusqu’en novembre un grand arrêt de maintenance qui va contribuer à améliorer le fonctionnement, la fiabilité et l’impact environnemental des installations. L’entreprise parachève la conversion technologique de son électrolyse pour « devenir un référent mondial dans le secteur vinylique en matière de réduction des émissions de carbone ». Coût de cette transformation destinée à éviter 50 000 tonnes de rejet de CO2 dans l’air : 175 millions d’euros ! Chez LyondellBasell, on prépare déjà le grand arrêt réglementaire de 2026, avec la volonté de tout mettre en œuvre pour tenir l’objectif acté avec l’Etat de réduire de 35 % ses émissions de CO2 en 2035 (par rapport à 2015). Mais des investissements sont continuellement conduits pour optimiser l’efficience énergétique et grignoter une dizaine de pourcents dans l’attente d’engagements plus massifs qui restent à confirmer au niveau du groupe.

Quant au Grand Port Maritime de Marseille, il a lancé le 14 octobre une concertation sur son projet DEOS de plateforme dédiée à la construction de flotteurs et à l’assemblage d’éoliennes flottantes (nacelles, mâts, pales…) avec l’espoir de la réaliser pour 2028 et de contribuer à la structuration et l’expansion de la filière française. « Une brique supplémentaire pour devenir un port de référence à l’échelle européenne et mondiale » souligne le président du directoire, Hervé Martel. Le chantier représente 550 millions d’euros d’investissement et fait le bonheur du maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi, ravi de « voir enfin le Port reprendre son rôle d’aménageur sur la ZIP ». « La décarbonation entreprise est à amplifier » insiste Christophe Mirmand, le préfet de Région.




Jean-Christophe Barla




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